Violences à Pissevin : stop, ou encore ?

Violences à Pissevin : stop, ou encore ?

3 août 2023 | Europe Info France

Régulièrement à la une des journaux, le quartier nîmois de Pissevin doit sa triste notoriété au trafic de drogue. Les actions coup de poing doublées d’opérations de communication ne suffisent plus à affirmer qu’il ne s’agit pas, là, d’une zone de non droit.

Des coups de feu ont retenti dans la soirée du 1ᵉʳ août, près d’une station essence du quartier de Pissevin, à l’ouest de la capitale gardoise, faisant un blessé. Ce « fait divers » s’ajoute à l’insupportable liste de menaces, agressions, fusillades, règlements de compte, séquestrations et meurtres qui frappent, de façon récurrente, ce quartier sensible, plaque tournante du trafic de drogue. Début juin, la mairie de Nîmes avait décidé de fermer la médiathèque Marc Bernard à Pissevin, dans le but de protéger ses 18 agents, menacés régulièrement par des dealers, à cause d’un check-point situé à côté de l’équipement public. Des membres du personnel auraient même fait l’objet de palpations avant d’accéder à leur poste. Un journaliste de M6, qui effectuait un reportage sur la décision avait quant à lui, été violemment agressé avant même de commencer à filmer.

Renforts temporaires

Aussitôt, une compagnie de CRS avait été envoyée en renfort « afin de garantir la paix publique », selon les termes employés par Gérald Darmanin, devant un large parterre de journalistes. Au même moment, la préfète du Gard, Marie-Françoise Lecaillon, avait annoncé « une montée en puissance de l’action policière dans la perspective de la réouverture prochaine de la médiathèque », affirmant que le quartier Pissevin, n’était pas « une zone de non-droit ». Un petit tour et puis s’en va : la brigade spécialisée dans les violences urbaines avait plié bagages, le 12 juin. La médiathèque, elle, était restée fermée. Elle l’est toujours depuis. Le jeu de dupes ressemble, au final, à un jeu sans fin. Souvenez-vous. En février 2020, une compagnie de C.R.S., deux équipages de la BAC de Nîmes ainsi que deux équipes d’intervention, soit 80 policiers, avaient déboulé dans le quartier pour une opération de contrôle.

Rénovation urbaine

Une fois de plus, les renforts étaient repartis, laissant la situation se dégrader à nouveau et redevenir invivable pour les 16 000 habitants du quartier. Pour preuve, une école élémentaire avait été prise d’assaut, dix mois plus tard, par des trafiquants de drogue qui s’étaient introduits dans la cour pour tenter d’échapper à la police. À l’époque, le préfet Didier Lauga, avait lui aussi claironné : « Nîmes-Pissevin ne sera jamais un quartier de non-droit ! ». Les habitants de Pissevin-Valdegour, comme ceux des quartiers nord de Marseille — et de toutes les autres villes gangrenées par la drogue – ont droit à ce que leurs enfants puissent aller à l’école sans avoir peur. Alors qu’un commissariat de quartier a été fermé en 2012, 424 millions d’euros vont être injectés par les collectivités locales et l’État dans le renouvellement urbain des quartiers d’intérêt national nîmois, Pissevin-Valdegour (principal concerné), Chemin Bas-d’Avignon-Clos d’Orville et Mas de Mingue. Les barres tombent, les dealers restent.

 

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