Même si cela me déplaît de me retrouver, une fraction de seconde d’indignation, dans le camp de la bien-pensance, je me dois d’avouer que la caricature de madame Obono m’a choqué. Mais là encore il y a la forme et le fond.
La forme c’est cette caricature outrageante en ce sens que l’histoire la dépasse ; même si madame Obono n’est pas un prix de vertu quand elle dit « nique la France », quand elle traite Charlie Hebdo d’islamophobe, quand elle traite Jean Castex « d’homme blanc de droite », quand elle dit qu’on traite les musulmans comme les juifs en 1930, la caricature blesse. Tout comme Marine Le Pen représentée en étron, Robert Ménard en Goebbels, Marion Maréchal en prostituée. Mais pour ces derniers, aucune indignation…
Le fond, la seule question qui vaille c’est : le texte est-il raciste ? À le lire, je ne le crois pas. Même si la thèse de l’esclavage aux racines africaines dérange (elle n’excuse aucune autre forme d’esclavage) je n’ai pas eu besoin de lire Valeurs actuelles pour le savoir, il m’a suffi de lire « Marché d’esclaves » de Kessel. Vous pouvez le retrouver dans le tome 1 de la Pléiade.
La caricature est rejetable, mais ne faisons pas d’Obono une sainte martyre, elle ne le mérite vraiment pas, même si Valeurs actuelles a eu tort de lui offrir cette occasion, hélas légitime, de se présenter en victime d’une caricature connotée.
Quand on pense que la polémique autour de cet article a pu permettre à la Ligue fasciste de Défense Noire Africaine (LfDNA) d’envahir le journal en toute impunité médiatique et pénale, on mesure à quel point l’équilibre de la paix publique est désormais fragile.