Des corbeaux planent sur l’enquête…

Des corbeaux planent sur l’enquête…

22 mai 2021 | Europe Info France, Tribunes

L’affaire des assistants parlementaires européens impliquant Marine Le Pen a refait surface dans la presse. Non sans poser la question de la partialité des médias et de la justice.

« L’enquête qui accuse Le Pen » titrait Le Journal du Dimanche, le 16 mai dernier. En ligne de mire : des soupçons de fraude concernant la rémunération des assistants parlementaires européens du Front national, devenu le Rassemblement National. Pour rappel, en 2015, le président du Parlement européen avait saisi l’Office européen de lutte antifraude à ce sujet. Le dossier a ensuite été confié à des juges d’instruction du tribunal de Paris. Depuis, à l’approche de chaque échéance électorale ou presque, l’histoire ressort avec la précision d’une horloge suisse.

Rapport d’enquête

Alors, « rien de neuf sous le soleil » comme l’a tweeté Marine Le Pen après la parution de l’article qui l’incrimine ? Pas tout à fait. Car le Journal du Dimanche – titre appartenant à un proche de Macron – a dévoilé un rapport de police synthétisant l’enquête : une note pour la nouvelle juge en charge du dossier.

Des doutes sur la culpabilité d’une coupable toute désignée, le Journal du Dimanche n’en a pas. Ni de scrupules d’ailleurs. Il publie un document communiqué par un policier ou un procureur. Et qui n’est absolument pas nourri de la contradiction puisqu’aucune des données produites par la défense n’y figure. Cette source de renseignement est dépourvue de valeur ? Qu’importe. L’hebdomadaire la présente comme faisant autorité, avec la plus grande malhonnêteté intellectuelle.

Dans le cas d’Eric Woerth, mis en cause dans l’affaire Bettencourt, le rapport de police s’avérait accablant, alimenté là encore par des enregistrements relayés par le Journal du Dimanche. Il a été relaxé.

Alors que penser d’un media qui se sert d’un document de police pour faire ses choux gras ? Si ce n’est qu’en guise de journalistes, il emploie des corbeaux chargés d’accréditer l’idée d’une condamnation judiciaire.

Pour l’heure, il n’existe pas d’ordonnance de renvoi devant le tribunal ; aucun juge d’instruction n’a annoncé que l’affaire serait renvoyée. Au passage, on n’entend guère parler du MoDem de Bayrou et de la France insoumise, qui ne sont pas blancs comme neige, en matière d’emplois fictifs d’assistants parlementaires européens.

Toujours les mêmes

Nul ne s’indigne de retrouver un rapport de police dans un journal. Personne n’évoque la violation de l’article 11 du code de procédure pénale (« Sauf dans les cas où la loi en dispose autrement et sans préjudice des droits de la défense, la procédure au cours de l’enquête et de l’instruction est secrète ») ; de l’article 226-13 du code pénal qui punit la révélation d’une information à caractère secret par une personne qui en est dépositaire ; de l’article 9-1 du code civil sur la présomption d’innocence, et de l’article préliminaire du code de procédure pénale. Tout le monde s’en fout.

Sur la sellette, le garde des Sceaux a fini par déplorer « que des procès-verbaux fassent l’objet d’une publication ». Qu’attend-il alors pour engager des poursuites ? A-t-il oublié qu’il est ministre de la justice depuis qu’il est entré en campagne ?

Le fait que ce rapport ait fuité dans la presse le confirme : la justice est politisée et les magistrats ne sont pas irréprochables. En témoignent les procédures contre Marine Le Pen, mais aussi Fillon et Sarkozy. Toujours les mêmes. Il n’y a pas de hasard. Quel naïf peut encore croire le contraire ?

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