Mercredi 12 mai, Dunja Mijatovic, commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, a exhorté la Grèce à « mettre un terme » aux refoulements de migrants aux frontières terrestres et maritimes avec la Turquie… Dit autrement, le « commissaire » de votre ville vous demande de ne pas fermer la porte de chez vous mais de la laisser entrouverte. Si un inconnu rentre ? Ne le refoulez pas. Si 10 inconnus rentrent ? Idem. On marche sur la tête.
Si le droit d’asile est une nécessité, il est aujourd’hui instrumentalisé
Le plus surprenant, c’est que Dunja Mijatovic a le droit de son côté : renvoyer les migrants en Turquie serait une violation, par exemple, « de l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’homme et de la Convention des Nations Unies sur les réfugiés, qui interdit les refoulements » (Le Figaro, 12 mai 2021). Dunja Mijatovic va plus loin et exhorte la Grèce à « reconsidérer le caractère fermé » des futurs camps de migrants sur son territoire, afin d’assurer « la liberté de mouvement de leurs occupants ». L’Union européenne devrait reconsidérer certains traités par lesquels elle s’est volontairement enchaînée. Si le droit d’asile est une nécessité, il est aujourd’hui instrumentalisé en faveur de la migration économique. Même EuroNews, citant l’OCDE, l’avouait en 2018 : « moins de migrations pour raisons humanitaires, plus de migrations économiques ou familiales ». Selon une étude d’Interpol, la traite des êtres humains entre l’Afrique et l’Europe rapporterait six milliards d’euros annuels, soit le chiffre d’affaires trimestriel d’une multinationale comme Starbucks, une manne qui devrait décourager les réformes de ce système juteux…
À l’inverse, le Danemark (dont le gouvernement est social-démocrate), après avoir retiré l’asile à 94 réfugiés syriens en mettant à jour la liste des pays qui sont considérés comme sûrs, veut sous-traiter l’accueil de ses demandeurs d’asile en Afrique avec un objectif très clair : décourager l’arrivée de migrants en les orientant vers des pays non-européens.
Concrètement, les migrants qui arrivent au Danemark seront enregistrés et leurs empreintes digitales seront contrôlées pour s’assurer qu’ils n’ont pas demandé l’asile ailleurs en Europe. Du bon sens. Ils seront ensuite raccompagnés en Afrique, où un pays tiers prendra le relais, par exemple, le Rwanda. Le ministre de l’Immigration danois, Mattias Tesfaye, lui-même fils de réfugié, assure que le système sera « plus humain et équitable », car il réduira « considérablement le nombre de réfugiés et de migrants qui se noient en Méditerranée et sont exposés à des abus sur les routes migratoires ». En Italie, il y avait eu une baisse de 54% des migrants décédés (en valeur absolue) grâce à la politique de Salvini ; la déclaration de Mattias Tesfaye s’est donc déjà vérifiée dans le passé.
Qu’attend Macron pour étudier l’exemple du Danemark ? Pour suivre l’exemple du Royaume-Uni qui envisage la prison à vie pour les passeurs ? Pour dénoncer le pacte migratoire proposé par la Commission ?