Cette semaine, Charles Michel, Président du Conseil européen, a annoncé que les travaux pour une réforme de l’Union douanière Turquie-UE avaient débutéi. Il a confirmé ce que nous dénoncions dans le numéro #18 de votre newsletter Parler Franc : sous la pression migratoire, la Commission européenne a fait des propositions de financement en faveur de la Turquie et le Conseil européen a marqué « son accord de principe pour continuer [ce] financement » …
Charles Michel n’est pas revenu sur le chiffre de ce racket géopolitique, a priori 3,5 milliardsii d’euros, expliquant qu’il y aura un débat entre les institutions européennes. Il n’a cependant émis aucune critique envers le régime du Sultan, se félicitant au contraire « d’un regard géopolitique plus ambitieux » vis-à-vis de la Turquie. Il en est même « fier » !
« L’Union européenne peut-elle décemment se regarder dans le miroir des droits de l’Homme, sachant qu’elle finance un État qui utilise des enfants soldats ? »
Mais pourquoi Charles Michel est-il « fier » des avancées avec la Turquie ? À quoi fait-il référence ? À l’épisode – affligeant – du Sofagate ? Au fait que, la semaine dernière, la Turquie ait quitté formellement un traité dénonçant les violences faites aux femmesiii ? Ou au fait que, cette semaine, les États-Unis aient ajouté le pays d’Erdogan sur la liste des États impliqués dans l’utilisation d’enfants soldatsiv ? Il faut oser se poser la question : l’Union européenne peut-elle décemment se regarder dans le miroir des droits de l’Homme, sachant qu’elle finance un État qui utilise des enfants soldats ?
Comme détaillé dans le numéro #12 de votre newsletter Parler Francv, la stratégie d’Erdogan est multiple. Tout en exerçant un chantage migratoire – le migrant est malheureusement devenu un instrument de guerre géopolitique ! – l’homme qui soutient que « l’assimilation est un crime contre l’humanité » avance ses pions sur l’échiquier de l’adhésion à l’Union européenne, convoite la mobilité militaire stratégique et soigne ses associations partisanesvi…
La logique de conquête du Sultan qui déclamait, citant un théoricien du nationalisme turc, que « les minarets seront nos baïonnettes, les coupoles nos casques, les mosquées seront nos casernes et les croyants nos soldats », doit être stoppée nette ! L’Union européenne devrait prendre acte du fait que nos alliés outre-Atlantique aient placé, pour la première fois, un allié de l’OTAN sur une cette honteuse liste de l’infanticide et saisir cette opportunité pour rompre toute forme d’adhésion et de financement !
Notes
- i multimedia.europarl.europa.eu/en/plenary-session_20210707-0900-PLENARY_vd
- ii franceculture.fr/emissions/journal-de-18h/journal-de-18h-emission-du-jeudi-24-juin-2021
- iii fr.sputniknews.com/international/202107011045816509-la-turquie-quitte-formellement-un-traite-sur-les-violences-faites-aux-femmes/
- iv reuters.com/world/middle-east/us-adds-turkey-list-countries-implicated-use-child-soldiers-2021-07-01/
- v Parler Franc #12, « Turquie : le loup gris dans la bergerie militaire européenne »
- vi Millî Görüs, une association religieuse proche d’Erdogan.