En visite au Rwanda, notre président adepte de la repentance, a reconnu des « responsabilités » de la France dans le génocide des Tutsis.
Le 27 mai, le chef de l’Etat français s’est rendu au mémorial du génocide des Tutsis, dans la capitale du Rwanda. Il y a vingt-sept ans, cette effroyable tragédie avait fait plus de 800 000 morts en trois mois, à l’instigation du régime hutu, avant de provoquer la rupture des relations diplomatiques entre Paris et Kigali, de 2006 à 2009.
A l’époque du génocide, le président Mitterrand et son entourage entretenaient des relations avec les racistes au pouvoir dans ce pays. Mais chut, bouche cousue : être de gauche immunise juridiquement et politiquement contre le racisme.
En 2010, Sarkozy, déjà petit président pénitent, avait reconnu de « graves erreurs » et une « forme d’aveuglement » des autorités françaises sur le Rwanda.
Et voilà que le président Macron, lui aussi pénitent, met ses pas dans ceux de Sarkozy pour aller demander l’absolution, en faisant du Macron : la France n’est pas coupable mais en même temps, nous sommes responsables. Une façon de contenter la majorité des Français, tout en s’adressant aux 10 millions d’Africains d’origine qui vivent sur notre sol.
Condamnation de la Cour européenne des droits de l’homme
Las, ceux qui attendaient des excuses sont restés sur leur faim. Ceux qui en ont assez que le président fasse porter à la France, le fardeau de culpabilités qui ne sont pas les siennes, ont une fois de plus, rongé leur frein.
Poursuivant sur sa lancée dans des formules alambiquées dont lui seul a le secret, Macron a estimé que « la France a fait trop longtemps prévaloir le silence sur l’examen de la vérité. »
Remettons les pendules à l’heure. Plusieurs rapports ont été établis jusqu’à celui dirigé par Vincent Duclert, qui concluent à l’absence de complicité de la France avec les génocidaires. Clairement : l’armée française n’est en aucun cas impliqué ; dans le cadre de l’opération Turquoise, la France a été l’un des rares grands pays du monde à avoir envoyé des militaires au Rwanda. Lesquels ont essayé de sauver les vies qui pouvaient encore l’être.
Si des excuses devaient être présentées, elles ne concerneraient que des hommes politiques mis en cause pour leur gestion politique et diplomatique.
Plutôt que des blablas, il serait par ailleurs temps, de passer à l’acte et de juger pour leurs crimes, les responsables rwandais qui vivent en France.
Plusieurs plaintes ont été déposées contre des génocidaires présumés. Même si l’an dernier, l’arrestation à Paris, de Félicien Kabuga, considéré le financier du génocide, a envoyé un premier signal, aucune plainte n’a encore abouti. Ce qui a valu à la France d’être condamnée en juin 2004 pour la lenteur de sa justice, par la Cour européenne des droits de l’homme.
De l’Algérie au Rwanda
Au fond, cette visite officielle n’est qu’un nouveau jalon sur le chemin de croix tracé par Macron depuis le début du quinquennat pour « regarder l’histoire en face », souvent dans une vision tronquée, injuste et clivante. En 2017, alors qu’il était candidat à la Présidentielle, Macron avait qualifié la colonisation, de « crime contre l’humanité » lors d’une visite en Algérie. Le 18 avril dernier, en évoquant la question du racisme lors d’un entretien à la chaîne américaine CBS, il a parlé de la nécessité de « déconstruire notre propre histoire ».
Jeudi, au Rwanda, il a déclaré espérer que ceux qui « ont traversé la nuit » du génocide des Tutsis puissent « nous faire le don de nous pardonner ». Mais il n’a pas exprimé la moindre réserve sur le modèle autoritaire et les violations des droits humains sous le règne de Paul Kagame, président du pays depuis 2000.
Sur le plan international, un pays ne se grandit pas en s’agenouillant en permanence. Si Macron veut faire pénitence, qu’il se punisse en se taisant. Au moins pendant un mois !