Réouvertures : acte II de l’Absurdistan européen

Réouvertures : acte II de l’Absurdistan européen

La France entame le 19 mai, la première étape de son calendrier de déconfinement. Parmi les mesures imposées, certaines montrent à quel point nous sommes bien l’Absurdistan de l’Europe, comme l’a récemment écrit le magazine allemand Die Zeit.

Enfin une bonne nouvelle : le gouvernement nous a annoncé la réouverture prochaine – quoique partielle – des musées, des cinémas ou encore des terrasses de cafés et restaurants. Avec un protocole sanitaire qui semble tiré par les cheveux : 50 % de la jauge pour les grandes terrasses ; aucune pour les petites, contraintes par contre à la mise en place de systèmes de séparations, type paravents ou plexiglas, entre les tables. Encore faut-il savoir ce qu’il convient d’entendre par « petite terrasse », espérer que le temps soit au beau fixe, sous peine d’ouverture à perte et disposer d’une terrasse. Ce qui est le cas pour seulement 40 % des restaurants français.

A y regarder de plus près, d’autres mesures relèvent d’un cran le niveau d’incohérence des réglementations qui vont entrer en vigueur, prêtant parfois à sourire, plus souvent à pleurer pour un grand nombre de professionnels concernés. Restées fermées tout l’hiver, les remontées mécaniques pourront ainsi fonctionner à nouveau (à 50 % de leur jauge, puis 65 % le 9 juin et 100 % le 30 juin). Seul problème : la neige est loin derrière nous.

Des parcs d’attractions sans attractions

Certes, la saison touristique en montagne ne se limite pas à l’hiver mais la décision visant les remontées mécaniques en période hivernale a été prise tardivement, alors que les stations avaient engagé des frais. Le chiffre d’affaires a fondu d’un milliard d’euros pour les seuls opérateurs des domaines skiables. Par ailleurs, l’été, l’activité des stations est en chute libre.

Heureusement, les parcs d’attractions sont autorisés à rouvrir… Mais sans que les visiteurs puissent avoir accès aux attractions avant le 9 juin, exception faite de celles offertes en continu par le gouvernement. « On ne comprend pas bien ce calendrier » a confié Arnaud Bennet, président du Syndicat national des espaces de loisirs, d’attractions et culturels. Alors que certains pays européens ont déjà rouvert leurs parcs d’attractions comme Walibi en Belgique, les professionnels du secteur regrettent que la France soit à la traîne.

Discothèques fermées, clubs libertins ouverts

Les professionnels du mariage dénoncent eux aussi le manque de comique de leur situation. « On annonce que les fêtes de mariage vont reprendre, tout en interdisant les cocktails debout et en faisant terminer les repas à 21h, soit l’heure à laquelle ils commencent d’habitude ! » s’est exclamée Mélissa Humbert-Ferrand, présidente de l’Union des professionnels solidaires de l’événementiel, auprès de l’AFP. Après des fiançailles qui ont duré un temps record, les mariés ne pourront pas poursuivre le bal : ils se consoleront en entamant plus tôt, leur soirée en amoureux.

Dernière incongruité : la possibilité pour les clubs libertins de rouvrir leurs portes grâce au pass sanitaire, a contrario des discothèques. Il est vrai que ces clubs sont bien connus pour leur pratique des gestes barrières, et plus si affinités. On (re)doute d’ailleurs que les autorités viennent mettre le nez dans leurs activités. En résumé ? Oui au kamasutra. Non au slow. Comprenne qui pourra.

Amis européens, bon voyage en Absurdistan ! C’est ainsi que le journal allemand Die Zeit avait rebaptisé la France en novembre dernier, non sans dézinguer les décisions sanitaires du gouvernement.

Parler franc

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