« Sofagate » : la diplomatie européenne a le cul entre deux chaises !

« Sofagate » : la diplomatie européenne a le cul entre deux chaises !

17 avril 2021 | Europe Info France, Tribunes

Somme toute, nous copions aujourd’hui les fauteuils et les canapés du temps de Louis XIV et de Louis XV, c’est très bien. Si nous imitions quelques-uns des hommes qui s’asseyaient dessus, ce serait mieux.”

Emile Deschamps devait avoir eu une vision d’Ankara en écrivant ces quelques lignes. Aujourd’hui, elles décrivent bien joliment ce qu’est la diplomatie européenne : un fiasco. Depuis l’épisode du « sofagate », l’Union européenne multiplie les erreurs.

La première erreur était sans doute d’accepter ce rendez-vous, de tendre une fois de plus la main à un Erdogan qui se moque éperdument des sanctions dérisoires décidées par Bruxelles à la mi-décembre 2020 et qui continue de provoquer nos amis grecs en faisant escorter des navires de migrants jusqu’aux portes de l’Europe !

La seconde erreur était protocolaire : ne pas avoir vérifié quel article des traités s’appliquerait ce jour-là : le 15 qui prévoit que le président du Conseil assure la représentation extérieure de l’UE pour les sujets « relevant de la politique étrangère et de sécurité commune » ou le 17, pour les autres thèmes, qui prévoit que la « Commission assure la représentation extérieure ».

« Ces événements sapent la crédibilité de l’Union européenne »

Quelques jours après l’incident diplomatique, en envoyant un memorandum au Conseil et en lavant ainsi son linge sale en public, Ursula offre une seconde victoire diplomatique à Erdogan : elle montre une Union européenne divisée. Et que fait le Parlement européen ? Il convoque les 2 protagonistes pour les sermonner, achevant ainsi l’animal politique blessé. Même les européistes les plus convaincus (alliés des LREM et des LR) le reconnaissent : « ces événements sapent la crédibilité de l’Union européenne » ; « notre politique étrangère européenne n’est pas préparée aux dures réalités auxquelles elle est confrontée ».

Pour l’Opinion, « le couac protocolaire illustre la rivalité entre la présidente de la Commission et son homologue du Conseil, dont les Turcs ont été plus les spectateurs que les acteurs ». Si ce média a raison, la faute est encore plus grave. Certains commentateurs, comme Éric Maurice, responsable du bureau de Bruxelles de la Fondation Robert Schuman, vont plus loin : « la Commission pousse son avantage pour en tirer un bénéfice institutionnel et politique ». Faut-il rappeler à Ursula von der Leyen qu’elle ne représente qu’un corps de fonctionnaires au service des États ?

Nous sommes loin de la querelle du « pas » de 1661 ou de la publication de la dépêche royale d’Ems en 1870, mais, il faut le reconnaître, entre un Charles Michel qui « dort mal » depuis l’incident (le pauvre enfant !) et une Ursula qui veut un « code de bonne conduite », c’est nous que Bruxelles ridiculise : la diplomatie européenne a vraiment le cul entre deux chaises !

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