Moteur. Ça tourne ! La caméra effectue un léger mouvement de recul. L’infirmier, la vraie « première ligne » s’approche. Sa main est ferme mais ses pensées sont ailleurs : « quelle mouche médiatique a piqué le Premier ministre français pour qu’il veuille se faire vacciner, sous le feu des projecteurs, avec AstraZeneca que certains de mes collègues refusent pourtant de se voir injecter » ?
L’aiguille s’enfonce mais les doutes se dissipent-ils pour autant en Europe ?
Il n’y a pas que sur Netflix, dans « Tribes of Europa », qu’on dépeint le délitement de l’Union européenne. Dans « Tribes of AstraZeneca », les rebondissements aussi sont multiples : le vaccin est interdit aux plus de 65 ans puis autorisé… Il est déconseillé par le docteur Fisher, notamment aux soignants de Moselle, puis…chaudement recommandé ! Certains soignants et plusieurs pompiers ne veulent plus se faire vacciner et, à partir du 11 mars, plusieurs pays européens suspendent la vaccination mais Castex ne dispose, le 14 mars, « d’aucun élément » … Puisse le gouvernement être aussi aveugle lorsqu’on dépasse l’heure du couvre-feu !
« Au sein de l’UE, c’est comme pour les masques, c’est comme pour les contrats, c’est comme pour la répartition des doses, c’est chacun pour soi ».
Finalement, après la formation de plusieurs caillots, une coagulation de 11 pays européens stoppe la vaccination. Et la France ? Toujours rien. Il faudra attendre que Merkel mette le holà pour que la Macron perde son sang-froid et emboîte le pas. Cette semaine, l’OMS a recommandé de poursuivre la vaccination avec ce vaccin litigieux, l’Agence européenne du Médicament l’a caractérisé comme « sûr et efficace ». Est-ce pour autant la fin de cette tragicomédie ? Le « desAstra-Zeneca », comme l’appelle très justement le Canard, met en lumière la suite de la cacophonie vaccinale : au sein de l’UE, c’est comme pour les masques, c’est comme pour les contrats, c’est comme pour la répartition des doses, c’est chacun pour soi.
Justement, à Vienne, six Premiers ministres se sont retrouvés afin de critiquer un mécanisme de répartition jugé inégal. Selon le chancelier autrichien qui dénonce des « contrats secrets », Malte recevra « jusqu’à trois fois plus de doses par habitant que la Bulgarie » d’ici à l’été ; les Pays-Bas « deux fois plus de doses que la Croatie d’ici fin juin ». Oh ma belle Europe !
Si l’Agence européenne du Médicament n’était pas si « lente à approuver les vaccins », comme le résume le chancelier autrichien, peut-être que le laboratoire néerlandais Halix aurait pu livrer en Europe au lieu de livrer ses 10 millions de doses… à l’étranger ! Ce n’est pas un cas isolé ! Il y a une semaine, 34 millions de vaccins fabriqués en Europe avaient été exportés en dehors de l’UE mais…inversement, aucun vaccin produit en dehors de l’UE n’avait encore été importé. L’Europe exporte 30 % des vaccins qu’elle produit : derrière ce chiffre comptable, combien de citoyens européens refusés en réanimation faute de places ?