Si la « schizophrénie » se définit comme une maladie psychiatrique entraînant une perte de perception de la réalité, il est grand temps que l’UE s’allonge sur le sofa… mais pas celui d’Erdogan ! Cette semaine, l’Union a voté un rapport regrettant « en même temps » certains aspects totalitaires de la Turquie (la dépendance du pouvoir judiciaire par rapport à l’exécutif, la situation de certains dissidents, artistes, journalistes, avocats, les velléités de retour à la peine de mort, les Loups gris…) et « en même temps » regrettant l’arrêt du processus d’adhésion de la Turquie !
Comment ne pas comprendre, face à une telle incohérence, qu’Erdogan se sente tout puissant ? Qu’il se permette, en tant que membre de l’OTAN, de soumettre une demande pour participer au projet européen sur la mobilité militaire ? Il serait fou de ne pas profiter de notre tiédeur…
Qui veut s’allier avec celui qui soutenait que « l’assimilation est un crime contre l’humanité » ?
Mais a-t-on envie de partager notre mobilité militaire stratégique avec un sultan qui attaque nos amis grecs ? Qui exerce un chantage migratoire sur le continent ? Qui parle des Israéliens en disant : « il n’y a que sucer le sang qui les assouvit » ? A-t-on envie de s’allier avec celui qui soutenait que « l’assimilation est un crime contre l’humanité » et qui déclamait, citant un théoricien du nationalisme turc, que « les minarets seront nos baïonnettes, les coupoles nos casques, les mosquées seront nos casernes et les croyants nos soldats » ? Même le journal le Monde le reconnaît et titre, au sujet de Sainte-Sophie, qu’il est « dans une logique de conquête ».
Cette logique expliquerait que la Turquie veuille participer à ce projet de circulation harmonieuse des équipements militaires à travers l’Union européenne, projet qui existe dans le cadre de la coopération structurée permanente (CSP).
Pour l’instant, le porte-parole du ministère néerlandais de la Défense qui coordonne le programme n’a pas fermé la porte à Erdogan : « la Turquie nous a fait part de sa volonté de participer au projet de mobilité militaire. En tant que coordinateurs dudit projet, nous suivons soigneusement la procédure de candidature établie par le Conseil de l’UE ». Comme le reconnaît Euractiv au sujet des USA et du Canada qui ont été acceptés : « cette démarche inscrit officiellement la présence déjà bien marquée de ces membres sur le territoire européen ».
On peut donc imaginer, en cas de réponse positive pour la Turquie, que cela « inscrirait officiellement » la présence de ce pays sur le territoire européen… Cela lui donnerait aussi plus de poids dans certaines entreprises comme le financement de la mosquée de Strasbourg, à l’initiative de l’association turque Millî Görüs. La France doit fermement s’opposer à ce projet, la Turquie ne doit pas participer à cette mobilité militaire européenne.