Evian, marque bien connue en Europe, a été accusée d’islamophobie sur les réseaux sociaux. La faute à un simple tweet dont le sens coulait pourtant de source.
Cette histoire d’eau qui vient de faire scandale n’a rien à voir avec le roman au titre homonyme, interdit aux mineurs à sa parution en 1954.
Tout est parti le 13 avril, d’un message anodin, goutte d’eau dans l’océan médiatique du célèbre réseau social : « retweeter si vous avez déjà bu un litre d’eau aujourd’hui. »
Incroyable : ce tweet a provoqué l’ire de certains musulmans intolérants en ce début de ramadan, période pendant laquelle ils ne peuvent ni boire ni manger, du lever au coucher du soleil.
Plates excuses d’Evian
Quelques minutes auront donc suffi pour transformer le rappel aux vertus hydratantes d’une eau minérale, en source d’islamophobie. Des internautes ont même poussé le bouchon plus loin en épinglant au fil des messages, des photos d’Éric Zemmour ou de Jean Messiha. Avec, parmi les commentaires, celui d’une jeune fille indignée : « Ils ont 365 jours pour faire ce tweet mais non, ils ont choisi le premier jour du Ramadan. »
Le plus désolant, le plus décourageant, c’est d’avoir vu Danone non pas se lever pour Danette mais se coucher au nom du politiquement correct, en s’excusant platement : « Désolé pour la maladresse de ce tweet qui n’appelle aucune provocation » a réagi la « Team Evian ». Des excuses qui n’ont fait que rallumer les braises et provoqué de nouvelles étincelles. « Twitter n’est pas la vraie vie, et c’est bien dommage que la marque s’excuse, ça dit quelque chose de notre société, quand on arrive à en faire douter Evian, c’est triste et c’est scandaleux « , a déclaré notamment Sarah El-Haïry, la secrétaire d’État chargée de la Jeunesse et de l’engagement sur RTL le 15 avril.
Une forme de terrorisme intellectuel
Ne jetons pas la première pierre à Danone. Cette entreprise n’est pas la seule à vouloir préserver les sensibilités communautaires, par crainte des appels au boycott et pour ne pas nuire à son image d’entreprise progressiste. Qu’elle ait par contre cédé au chantage de l’islamophobie en dit long sur l’état de notre société et surtout sur l’état de peur de notre société. Parce que franchement, ce tweet, d’autant plus banal qu’il avait déjà été publié à maintes reprises, n’a rien à l’encontre des musulmans et du ramadan. Comme quoi, tout est bon, non pas dans le cochon, mais dans l’instrumentalisation à des fins de déstabilisation et de propagande.
Imaginerait-on une seule seconde, des catholiques s’offusquer d’une communication commerciale sur la viande le vendredi saint ?
L’air de ne pas y toucher, c’est encore, une fois de plus, la liberté d’expression qui trinque au nom d’un impératif religieux et radical, et un pas supplémentaire qui est franchi dans la soumission au terrorisme intellectuel.
Au passage, ceux qui cherchent la petite bête, pourront s’étonner du caractère ambivalent de Danone. En 2014, ce leader mondial de l’industrie alimentaire coté au CAC40, qui réalise 40 % de ses activités en Europe, avait déjà fermé trois usines en Allemagne, en Hongrie et en Italie. Le voilà qui passe à la vitesse supérieure : en novembre dernier, le groupe a annoncé un plan de suppression de 1 500 à 2 000 emplois dans le monde, dont 500 en France. Autoproclamé champion de la RSE (responsabilité sociétale des entreprises), Danone nage donc entre deux eaux.